All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Écouter Two Nights In April, le deuxième album de Correction, c’est découvrir une musique décomplexée, qui (em)brasse avec appétit et liberté l’héritage ô combien conséquent du trio piano, contrebasse, batterie.
Ces trois jeunes Suédois s’inscrivent dans la lignée d’Andrew Hill, Mal Waldron ou Misha Mengelberg - ces musiciens capables d’associer tradition et modernité dans un même mouvement - tout en étant originaux, ce qui n’est pas facile. Cette réussite est rendue possible par l’interaction entre les musiciens : chaque idée avancée par l’un est reprise et développée par les autres, chacun apporte sa pierre à cet édifice solidement ancré dans l’histoire pour mieux le projeter dans le présent.
Tout passe à la moulinette Correction : ça swingue, c’est cubiste, impressionniste… le trio épouse tous les styles, toutes les époques pour créer une musique pleine de vitalité, dense et concise (seuls deux morceaux sur douze dépassent les 5 mn) ; il s’agit de ne pas perdre le fil du propos, et de conserver l’énergie. Et en effet l’œuvre de Sebastian Bergström, Joacim Nyberg et Emil Åstrand-Melin ne souffre d’aucun temps mort, d’aucune redite. Le matériau est exploré et exploité sans retenue, chaque idée est creusée. Le piano du premier modèle chaque ligne à force d’itérations, tel un sculpteur travaillant le plâtre jusqu’à obtention de la forme souhaitée. La contrebasse du deuxième se fait tour à tour walking et percussive, frottée ou pincée, grondante ou dansante. Troisième larron de l’aventure, Åstrand-Melin se démultiplie à la batterie, dont il utilise toutes les ressources via une frappe sèche et précise.
On a du mal à croire que ces trois-là en sont à l’orée de leur carrière tant leur musique est maîtrisée. On est happé par cet engagement de tous les instants, comme une barque chahutée par une mer agitée et emportée par le ressac. Malgré cette formule archi-exploitée en jazz, ils parviennent à offrir une œuvre d’une fraîcheur salutaire.
Belle surprise que ce Two Nights In April enregistré en concert, en Suède, au printemps 2009. On attend la suite avec impatience.
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