All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Une critique très flatteuse sur All About Jazz , voilà qui réduit à néant mon maigre appétit de chroniqueur.
D'autant que sur le Grisli, une autre critique, plus proche que celle que j'aurais écrite, dit tout le bien qu'on peut penser de ce CD.
Et que dire de FreeJazz qui insiste sur sa beauté émotionnelle dévastatrice ?
Faut-il chroniquer encore ?
Peut-être, simplement, pour partager l'émotion à l'écoute de ce disque.
Lorsqu'un
vieux blues, composé il y a plus de trente ans par Joe McPhee (1977),
ouvre cet enregistrement, on est saisi par la manière dont il est joué,
tout en retenu, comme si le regard portait au loin, en se balançant sur
un vieux rocking chair, à l'ombre d'une terrasse poussièreuse. Le thème
est d'ailleurs laissé en route à la fin du morceau, comme devenu
inutile, le reste se passant dans notre tête.
... On en oublierait presque l'épaisseur du tissu sonore.
Mais la suite abandonne toute référence à une séquence mélodique. C'est l'un des paris de la musique improvisée. Qu'est ce qui fait musique ? Comment se fait-il qu'on soit boulversé en l'absence de pulsation plus ou moins régulière, de vagues références aux créations passées, de notes qu'on pourrait fredonner, mal bien sûr ?
La "Caverne de Platon" est la métaphore choisie pour nous parler d'une réalité qui toujours nous échappe, dont on ne devine que quelques reflets. Et bien sûr, ce 2e thème nous emmène d'emblée ailleurs, l'émotion qui toujours nous étreint dans cet espace traversé d'enchevêtrements de sons multiples sortis du seul bec du baryton. Déchirements, stridences, vrombissements, sifflements, échos, silences ... Aigus et graves s'entrelaçant dans cette pâte complexe au possible. La magie du cuivre et de ses résonnances, de ses vibrations intimes. Les amarres sont bel et bien larguées.
On imagine les frissons de ceux, présent à l'église Saint Merri, en février dernier, écoutant les sons s'épanouir dans cet espace. On a le sentiment que ce plaisir là, Daunik Lazro se l'est aussi donné, dégustant chaque son, chaque couleur, avec la gourmandise d'un enfant ébloui par de nouvelles sensations, en particulier sur la dernière pièce, la plus longue.
Retour chez vous.
Sur votre
platine, il faudra mettre le son plus fort, pour tenter de retrouver
l'impression auditive de ce concert, retrouver la puissance de la
musique de Daunik Lazro au sortir de son baryton, dans cette église. Et
si les voisins sont trop grincheux, le casque.
L'extrait choisi, Platon.
Provocation ? Sûrement. On vous demande, en effet, de bien vouloir écrire vous même les liner notes de ce disque. On vous réserve un espace large pour ça ... manière de dire la vacuité de l'exercice. On a envie de rejoindre Gérard Terronnes (disques Futura, Marge) qui estime superflu toute phrase sur la musique, l'auditeur en sachant déjà davantage.
Alors pourquoi prendre son clavier ?
Finalement, non. Je ne vais pas écrire les liner notes de mon CD, pas plus qu'une chronique sur ce disque.
Inutile. L'écouter suffit.
Peut-être
par morceaux, en ménageant un temps de silence entre chaque piste, pour
apprécier au mieux cette belle sortie des routes balisées.
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