All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Il y a plus de dix ans, Claude Tchamitchian publiait sur son label Emouvance un album solo du saxophoniste français Daunik Lazro, c'était Zong Book. Aujourd'hui, c'est au tour d'Ayler Records de publier le retour en solo de Lazro, uniquement au baryton cette fois, avec deux pièces enregistrées au festival Europa Jazz et quatre autres à l'église Saint-Merry à Paris.
Dès la première pièce, la couleur est annoncée, Lazro aime le free jazz, il a intégré son histoire, et il y participe toujours aussi intensément. La première pièce, c'est donc "Vieux Carré", un morceau écrit par Joe McPhee. Un classique du free jazz, où le lyrisme exacerbé du blues, la virtuosité et la précision du jazz, sont au rendez-vous. Une pièce pour commencer, tout en douceur, avant que ne se développent ces phrases extraverties et criardes, hystériques parfois, mais toujours sensibles et pleines d'émotions, propres au saxophoniste. Puis vient "la caverne de Platon", une pièce beaucoup moins mélodique, mais tout aussi riche en émotions. Le souffle continue d'explorer les profondeurs du baryton, le registre grave est déployé avec toutes les harmoniques et les multiphoniques qu'il contient potentiellement. Des potentialités qui explosent pour servir des affects puissants, car la musique de Lazro a toujours été et sera toujours émotionnelle avant tout, par-dessus tout. Une musique viscérale, qui saisit le corps dans son entièreté, dans ses fondements déployés par les basses jusqu'à son sommet atteint dans les hurlements d'harmoniques qui suivent les flux continus.
Puis, avec la série des Zong at Saint-Merry, nous entrons au coeur de la dynamique de Lazro. Sur ces quatre pièces qui durent entre trois et dix-sept minutes, l'acoustique aérée de l'église Saint-Merry est intégrée aux improvisations et offre une réverbération naturelle et charismatique au baryton. Les sons volent et se croisent dans les hauteurs des voûtes en ogive d'une des plus grandioses églises françaises. L'acoustique particulière de ce monument permet à Daunik Lazro de déployer les potentialités et les particularités du baryton à travers la résonance singulière et envoutante de Saint-Merry. Les flux de basses ponctuées par des envolées criardes sont toujours utilisées, mais ils prennent une autre dimension cette fois en se répercutant à travers l'espace mystique et sur-dimensionné de l'église. Si les harmoniques et les hurlements acquièrent un prolongement fantomatique lorsqu'ils résonnent, les basses prennent une ampleur et une profondeur sidérantes dans cet entrecroisement de sons. De plus, je me dois d'ajouter l'omniprésence affective de Lazro. Plus que des sons, ce sont des émotions qui naviguent dans l'espace religieux, chaque note et chaque phrase paraît être la translation exacte d'un affect en une unité sonore.
Puissants, intenses et virtuoses, ces quelques Some Other Zongs continuent l'œuvre virtuose et sensible de ce monstre du free jazz français. Une œuvre où les émotions transparaissent à vives, des improvisations riches et un jeu puissant pour une collection de pièces très intenses, musicalement et émotionnellement. Recommandé!
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