All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Pour ce deuxième volet de son ambitieuse adaptation musicale d'écrits de Nabokov, Marc Ducret a décidé de changer son équipe de choc. Exit donc les soufflants rugueux et sensuels du précédent épisode, le guitariste convoque cette fois le batteur Tom Rainey ainsi que deux anciens et solides compagnons de route en la personne de Dominique Pifarély (violon) et Tim Berne (saxophone).
La transition entre les deux formations n'a rien d'anecdotique. Alors que sur Tower #1, Ducret et ses hommes jouaient dans un registre assez gras, puissant et charpenté, il ne reste ici souvent que des tensions, froides et intenses, un combat opaque entre trois solistes virtuoses jouant de l’aspect le plus agressif de leur art. Ainsi, les aigus du violon de Pifarély rappellent les expérimentations de King Crimson du début des années 70. Parfois lancinant, il se marie avec rudesses aux frasques de Ducret qui, jouant assez peu les bassistes de substitution, préfère se lancer à cordes perdues dans ce grand maelström sonore.
Radical dans la forme comme dans les moyens, ce quatuor ne tolère aucune baisse d'intensité et laisse l'auditeur jouer les fildeféristes sur ces lignes agressives, tendues comme un câble au-dessus du précipice. La tâche se révèle souvent ardue, et l'on regrette parfois que des moments plus calmes (comme le superbe final de « Real Thing #3 » où le lyrisme finit par l’emporter sur la fureur et l'incertitude) se fassent rares. Mais il en va souvent ainsi avec les musiciens qui s'investissent totalement dans leurs projets, assument le risque de ne pas séduire et préfèrent poser de vraies et justes questions à ceux qui font l’effort de tendre l’oreille.
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