Un véritable « all stars » pour ce volume 2 de Tower, et surtout la « reconstitution » d’une ligue qui ne s’est jamais dissoute, en particulier l’axe Ducret-Berne et dans une mesure à peine moindre, la présence de Dominique Pifarély.
L’électricité est une fée : convoquée dès le premier morceau (« Sur l’électricité »), elle déverse la lumière contrastée d’un couloir de métro où s’immiscent par touches imperceptibles d’abord, puis de façon éclatante, les entrelacs subtils du violon, de la guitare, de l’alto, et les bruissements de la batterie. Un sensible chaos qui s’organise en questions et réponses, et culmine dans un thème de toute beauté.
C’est le « miracle » de cette musique fondée en partie sur une connaissance réciproque acquise au fil des concerts : on y sent le souci de la forme sans pour autant que sa prégnance envahisse la vivacité et la surprise de l’invention. Plus longuement développé, « Real Thing #3 » plonge dans un univers peut-être plus urbain encore, voire suburbain, et offre à partir d’un quart d’heure un final magnifique, poétique, suspendu, finement tramé, adressé avec retenue et un sens du suspens impressionnant. « Softly Her Tower Crumbled in the Sweet Silent Sun » (V. Nabokov, Ada, première partie, fin du chapitre 12) se déploie d’abord dans une atmosphère pas vraiment « soft », mais c’est sans doute que la douceur est sournoise, et surtout, que les titres sont là pour ne rien dire de la musique, qui se suffit à elle-même ! Le final tend vers la conversation, un trait qui condense à lui seul les éminentes qualités de cette musique, faite entre personnes qui se connaissent et ont des choses à se dire, posément, nettement, avec soin mais sans détour.