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Dennis González Yells At Eels - Cape of Storms

Noël Tachet, ImproJazz

Stephane Berland avait fait paraître en 2009 un concert de Yells at Eels en Pologne, avec Rodrigo Amado au ténor (AYLCD-095). " Song of early autumn", en quartet avec Dennis Gonzalez et d'autres musiciens est également paru en 2009 sur Nobusiness Records (NBCD6). Les deux ont été chroniqués dans Improjazz.

A la base de Yells at Eels, il y a la famille Gonzalez ; le père, Dennis (trompette en do et cornet) et ses deux fils, Aaron à la contrebasse et Stefan aux percussions. Ce disque reprend des enregistrements faits au cours de trois concerts à Dallas en quartet avec Louis Moholo-Moholo et à New-Orleans en quintet avec Tim Green au ténor. L'entente batterie/contrebasse est remarquable, une sorte de déboulé rocheux et velouté à la fois, qui sent le cuir et l'herbe, l'élégance du père fait le reste. Le cd, dans sa réalisation sinon son enregistrement, est conçu comme un tout, avec une répartition des instruments et des solos de morceau à morceau.

Le premier morceau développe un très court fragment mélodique en laissant la part belle à la trompette et à la contrebasse. Le second est un solo de contrebasse fouineur et têtu. Le troisième débute par la batterie et la contrebasse. Moholo joue léger et pressé sur la caisse claire. La trompette vient se caler sur ce fourmillement puis plane au dessus comme un cerf-volant. Avec une légèreté, une pressante discrétion, Moholo est partout à la fois.
Le quatrième laisse seule la trompette, très vocale, très intérieure. Le cinquième débute par le trio de Moholo et des deux frères (cb/balafon), ambiance africaine, saturée, bien que soit lente et très mesurée en volume. Sur le sixième, Moholo, toujours principalement à la caisse claire et aux cymbales, part bientôt sur un chemin qui semble infini, ponctué par les percussions, gongs surtout.

Le septième ramène le quartet entier pour un morceau free classique qui fait à mon sens retomber la magie des débuts dans des improvisations un peu vaines. Les huitième et neuvièmes plages proposent d'autres prises des cinquième et septième. Solo d'abord de Moholo aux balais, accompagné par quelques percussions,  puis contrebasse. La trompette introduit une ligne mélodique et redonne une direction sans retrouver la tension de la plage 5. Le neuvième offre d'abord un free très retenu et liquide, s'écoulant d'un vibraphone qui se transforme en torrent avec l'aide de Moholo. La vibration basse qui se dégage de la paire batterie/contrebasse est un très beau moment et les solistes saisissent l'occasion pour la mettre en valeur. La trompette vient à la fin, lente, mélancolique, désabusée, les mains dans les poches. Cette version là de Tranquilidad Alborotadora aurait suffi à mon bonheur.

Le dixième est une galopade chaloupée où Moholo fait son seul solo à proprement parler du disque, encore est-il court. On entend chacun, salut et se referme le disque.