All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
S'il est un successeur (relativement) libertaire de Sonny qui évoque
le maître, c'est bien David Murray. On sait qu'Henry Grimes fut à
plusieurs reprises le compagnon des heures de gloire de notre géant
(Our Man In Jazz !) et on imagine en rêve Drake le propulsant. Mais
dans ce Live at The Kerava, les spectateurs n'ont pas eu la berlue, David
Murray que certains décrient à tort ou à raison, qu'importe,
pour son implication dans une multitude d'aventures, réincarne l'esprit
de Sonny " Newk ", sans imiter un seul instant le maître.
Son jeu semble truffé de traits rollinsiens, bien sûr, surtout
parce qu'il est aussi intensément rythmique que possible. L'articulation
des notes de Murray sonne comme une rangée de percussionnistes ouest-africains
à la parade royale. Ce ne sont pas des clichés d'école,
mais une réaction à la nanoseconde près à tous
les accents et les rythmes multiples de Drake. Un fois le train lancé,
il dégaine des harmoniques avec une pression féroce en direction
des mânes d'Albert Ayler, Frank Wright et Glenn Spearman. Deux longues
échappées de plus de 22 et 25 minutes, Spin et Eighty Degrees,
composées par Grimes et Drake, s'écoutent sans qu'on mesure
le temps, suspendu au souffle du saxophoniste (puis clarinettiste basse)
et au drive magistral du bassiste revenant.
Grimes avait disparu sans laisser de traces durant plus de trente ans et
effectue un retour inespéré sur les scènes du jazz
tranchant et aventureux. Un bassiste qui ignore les trucs et les clichés,
il tint la basse dans le Charlie Mingus Orchestra. David, je vous reçois
cinq sur cinq, même dans cette millionième version des Fleurs
Pour Albert que j'avais entendue lors de votre première tournée
européenne en 1977 : votre message est universel. Avec vous, on entend
les voix de Sonny et d'Albert se rejoindre dans la même allégresse.
Comme clarinettiste basse, on se régale ! Bien que ce soit l'aîné
qui assume la direction musicale, celle-ci est de fait partagée par
chacun pour le plus grand bonheur de tous, musiciens et auditeurs. Si les
lecteurs veulent profiter une bonne fois des très grandes qualités
de souffleur de David Murray et de cet incroyable batteur qu'est Hamid Drake,
cet album live publié par le bien nommé label Ayler Records
a tout pour ravir les amateurs les plus exigeants. C'est l'occasion de (re)
découvrir un bassiste aussi puissant que subtil et qui exprime la
quintessence du jazz afro-américain. Je reviendrai plus facilement
sur ce magnifique album à la pochette ocre d'Henry Grimes que de
devoir sélectionner et zapper à travers les hauts et les bas
du coffret bleu de David Ware.
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