All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Bon sang ne saurait mentir, dit-on. Lorsqu'on voit certaines dynasties politique ou culturelles, on peut être en proie au doute, mais celui-ci ne concerne pas la famille Cappozzo.
Ici le sang est neuf, gonflé par les nutriments du jazz et des musiques improvisées, et a la couleur rouge vermillon des meilleurs crus du Val de Loire.
Après tout, c'est autour de Tours que ces musiciens gravitent.
Bienvenue dans Sub Rosa, premier album de Cécile Cappozzo en trio, que son père Jean-Luc rejoint sur le morceau titre dans une célébration du Free-Jazz dans son acception la plus fructueuse.
Nous avions déjà entendu le père et la fille dans un joyeux et émouvant Soul Eyes sorti en son temps sur l'impeccable label Fou Records. C'était déjà une ode à la liberté et aux petits cailloux semés dans le soulier du jazz pour le faire chalouper.
Ici, c'est sur le label Ayler Records, qui offre à la pianiste un magnifique écrin que les choses se passent ; on ne sera pas étonné du choix esthétique de Stéphane Berland : la musique que Cécile Cappozzo nourrit avec ses comparses, le batteur Etienne Ziemniak et le contrebassiste normand Patrice Grente, est indomptable, rugueuse et à la fois chaleureuse.
Ainsi, sur « Fragment 2 », la contrebasse extrêmement sèche de Grente, qu'on a déjà pu entendre avec François Chesnel tient une rythmique volontaire bien soutenu par le batteur. La pianiste, qui vient d'éclater totalement les formes dans la première partie de cette suite nommée « Chaos » vient s'immiscer dans la relation duale comme on dans au milieu des flammes. C'est elle, la matière brute du trio, le diamant qui modifie la stabilité de chacun... A force d'éroder la relation entre les deux rythmiciens, c'est le rythme plus chaloupé, plus voluptueux du piano qui s'impose...
Les fragments s'entrechoquent et se polissent aléatoirement, mais avec une certaine harmonie. Sub Rosa est une célébration de la vigueur de ce trio qui puise ses racines au coeur du Free, A force de se cogner aux autres, chaque fragment prend un peu de la générosité de l'autre. Dans "Fragment 1", c'est la batterie qui explose comme de petites charges parsemées aléatoirement; plus loin, alors que le piano adoucit son jeu très percussif dans "Fragment 4" tout en gardant sa vivacité, c'est la relation duale piano/contrebasse qui se révèle des plus précieuses.
Mais la découverte principale, évidente, stupéfiante même, c'est le talent au clavier de Cécile Cappozzo. Elle éclabousse de classe, dans un jeu simple, direct, qui joue avec le temps et flotte toujours aux limites de la syncope. On la savait danseuse (elle enseigne à Tours), elle confirme au clavier, magnifiquement servi par une base rythmique unie et turbulente.
Sub Rosa, sous la rose, en latin, c'est le symbole du secret. Secret, cette musique ne doit pas le rester longtemps, tant elle fait du bien aux oreilles et au coeur. Mais elle sous-entend également l'intimité et la discrétion, deux qualités qui vont très bien à ces musiciens.
Sous la rose, de quoi s'offrir un beau bouquet.
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