All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Après un premier disque en duo avec son trompettiste de père en 2015 («Soul Eyes», Fou Records), la jeune pianiste récidive, cette fois en trio. Enregistré à la Maison en bois, le lieu du pianiste-violoncelliste-compositeur & improvisateur Gaël Mevel, le disque révèle une conception très interactive de cette nomenclature. Comme chez Paul Bley à la grande époque des années 60, on part sur des accents marqués, des intervalles distendus, des esquives permanentes de la tonalité, et l'on s'engouffre dans le jeu collectif avec passion, passion féconde car elle convoque en permanence l'urgence d'une aspiration esthétique. Il ne s'agit pas ici de beauté tranquille, de ciel serein ou de digression paisible ; on est dans l'urgence absolue, ça barde, et pourtant chacun est à l'écoute, le fil du collectif ne se rompt jamais. On a le sentiment, à l'écoute, qu'en amont de cette musique créée collectivement par la pianiste, le bassiste et le batteur, beaucoup de musique a été partagée, et aussi sans doute des paroles, de réflexions, sur ce que c'est de jouer ainsi, dans l'improvisation menée jusqu'à la transe. À l'intérieur du CD, hormis les sobres informations d'usage, un texte de Federico Garcia Lorca sur le duende. Il faut dire que l'autre passion (et pratique) artistique de Cécile Cappozzo, c'est la danse flamenca. La musique du trio circule entre l'effervescence maximale et des moments mesurés, où le drive du jazz reprend temporairement ses droits avant un nouveau paroxysme, à la recherche d'un nouvel état de grâce forcément intranquille. Une fausse accalmie verra surgir des harmonies très tendues, comme un chemin dont les balises seraient autant d'occasions de s'égarer, avant une prochaine cavalcade. Tout cela est d'un inconfort réjouissant, manifeste pour une musique profondément vivante. Et la plage conclusive accueille Jean-Luc Cappozzo. Le trio, devenu quartette, repart bille en tête, avant de laisser redescendre la pression vers une coda apaisée : un geste familier dans l'improvisation, une manière de résoudre la liberté dans l'espace d'un apaisement un brin mélancolique. Bref c'est un beau disque de musique improvisée, avec ce qu'il faut d'incertitude et d'aboutissement mêlés.
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