All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Le volume trois du Tower de Marc Ducret vient clôturer une oeuvre qui s'est déployée depuis maintenant deux ans en quatre volumes discographiques. Ce volume (sorti à la suite du volume quatre qui constituait une glose du seul Ducret à la guitare des partitions précédentes) rassemble une formation musicale différente des précédentes. Il s'agit ici d'un sextet dont le casting est encore une fois impeccable (Antonin Rayon (piano), Sylvain Lemêtre (percussion), Matthias Mahler, Fidel Fourneyron et Alexis Persigan (trombones)). Cette faculté de Ducret à sélectionner des personnalités capables d'exprimer au plus près le projet qu'il envisage de réaliser n'est d’ailleurs pas la moindre de ses qualités.
Après deux premiers volets, denses, violents (en compagnie de Tranberg, Mahler, Gastard, Bruun pour le volume I et Berne, Pifarély et Rainey pour le II) aux formes débridées, amples et libertaires où les cellules écrites servaient de repères et jalons entourées d'improvisation sauvages, ce volume III est finalement le plus lisible, quasi limpide dans son rapport à l'architecture profonde du propos où les improvisations quoique toujours présentes sont plus bridées et participent à un développement beaucoup plus narratif. L'écriture emprunte aussi bien au rock (tel accompagnement de la guitare rappellera le folk) qu’à la musique contemporaine et se place dans le prolongement du travail de Ducret sur Le Sens de la Marche.
Pour autant, ce volet est parfaitement dans la continuité des précédents: on retrouve les mêmes résonances, les mêmes reprises, prolongements et réinterprétation du matériau de départ, ce qui est l'essence du jazz, ici puisé dans un ailleurs, celui de la littérature, celle de Nabokov et son livre Ada ou l'ardeur. La ligne claire du disque permet de mieux saisir les subtilités des compositions de Ducret qui sont ici les reflets policés (sans pour autant être édulcorées), les versos acceptables des sonorités punks, sales et énergiques des volumes précédents. (A moins que ce ne soit l'inverse).
L’auditeur au terme de ce parcours se sera donc vu plongé dans un voyage aux ramifications innombrables et ce Volume III, par son impeccable scénarisation, justifie et glofirie la monstruosité des deux premiers volumes. La tétralogie se ferme mais ne se ferme pas sur elle-même, les approches, les échos sont encore nombreux à saisir, qui dépassent sans nul doute tous ce que les musiciens ont pu ou cru y mettre.
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