Ducret/Léandre - Chez Hélène

Guy Sitruk, Jazz à Paris

Un duo de cordes : guitare et contrebasse. Une manière de quatrième volet de ce jardin des cordes entamé avec le triple album du même nom, String Gardens, où elle cultive des fleurs surprenantes avec Théo Ceccaldi (violon), Gaspar Clauss (violoncelle) et Bernard Santacruz (contrebasse). On retrouvera ce dernier duo (assez extraordinaire) sur cette vidéo enregistrée au Triton en 2018 : https://youtu.be/cuaxIhM63_k>

Ici donc, Marc Ducret et ses cordes inattendues. Un album à quatre titres pour des attitudes dans la dualité improvisée : Observation, Ponctuation, Vibration, Invocation.
Après une Observation qui va bien plus loin qu’une prise de contact, Ponctuation permet à Marc Ducret de surgir tel un diable de sa boîte. On ne sait qui ponctue l’autre, peut-être Joëlle Léandre au début de la pièce. Mais assez vite, la fureur s’empare de son archet. Puis c’est à la guitare de crépiter, de miauler, chaque motif de l’un trouvant un écho, un développement chez l’autre. Une symbiose qui se développe dans une belle intensité.
On pourrait penser que Vibration serait dédié aux résonances des cordes pincées, mais assez vite c’est la frénésie des sons suraigus de Ducret, des coups d’archet de Joëlle. Quand la basse se fait lyrique, les claquements secs, les stridences de la guitare s’y entrelacent pour une danse qui finira dans une sorte de stase élégiaque.
C’est peut-être dans Invocation que le duo donne sa pleine mesure. Marc Ducret très incisif, aux phrases sèches, aux notes acidulées. Joëlle Léandre fouaillant les graves ... et notre corps de son archet. Les deux mixant leur sonorités, leur paysages sonores, pour des séquences aux matières changeantes, complexes, faisant découvrir çà et là des veines précieuses et inattendues.

Un cinquième titre ? Acclamation . Celle d’un public heureux. Une rencontre, l’écoute aiguisée, une inventivité éruptive , l’authenticité, la générosité. Le public a su entrer en résonance. Une belle soirée passée chez Hélène Aziza.
Un grand merci à Stéphane Berland et à Ayler Records (AYLCD-154) pour avoir publié ce moment si particulier.
À noter ces « Stances à Hélène » d’Edgar Poe, traduite par Stéphane Mallarmée, et opportunément insérée dans la pochette de l’album.