Free Unfold Trio - Ballades

Lorraine Soliman, Jazz Magazine

Au départ, les oiseaux puis seulement l’air, ou 28’39’’ de marche lente contre l’air du temps, jusqu’au silence absolu. Si on nous dit que l’enregistrement s’est fixé sur la première et unique prise de son, on le croit sans peine. Si ce n’est pas le cas, c’est fort bien imité. Avec ce deuxième volume de Ballades, le Free Unfold Trio fait une nouvelle fois la démonstration d’un possible et convaincant dialogue ahiérarchique, où chacun relie sans effort apparent son argumentaire au tissu complexe du jeu à trois. La réciprocité et la mutualisation des transmissions d’influence impressionnent. Où Benjamin Duboc  semble vouloir étirer le temps en allongeant chaque intention derrière ses cordes caressées ou éraflées, Didier Lasserre rappelle la fugacité d’une étincelle d’un revers de balais aussitôt chassé par un cliquetis pointilliste. Les empreints translucides laissées par Jobic Le Masson tracent un chemin incertain que l’on aime suivre. L’intransigeance de la démarche s’entend derrière la légèreté d’une partie de cache-cache : trois voix et six mains se rejoignent pour le plaisir d’aller au cœur du son et de creuser le silence par la même occasion, à jeu égal. Aucun solo, aucune pression dans cette épure qui donne seulement à regretter de ne pas se faire « sentir » de plus près : une musique à écouter-voir, ou, pour le moins, à ne pas confier à n’importe quelles enceintes.