Noël Akchoté & Philippe Deschepper - MMXXIV AD

Jean Rochard, nato - disque ami

 

“Pour chacun de nous existent de multiples chemins, de multiples possibilités, celles de la naissance, de la transformation, du retour.”
Herman Hesse (Berthold)

La guitare est un instrument de multiplication et c'est pour cela qu'elle se multiplie. Un feu, des paires de guitares, et le souvenir est vif. Mettons : Eddie Lang et Lonnie Johnson, Jim Hall and Jimmy Raney ou Jim Hall et Pat Metheny, Herb Ellis et Joe Pass, Ida Presti et Alexandre Lagoya, Larry Coryell et John McLaughlin ou Emily Remler et Larry Coryell, Chet Atkins et Lenny Breau, Boulou et Elios Ferré, Joseph Dejean et Gérard Marais, Gérard Marais et Raymond Boni, Sabicas et Jimi Hendrix (non, ça, ça n'a pas existé), Derek Bailey et Henry Kaiser, Jean-François Pauvros et Arto Lindsay, Vernon Reid et Bill Frisell... Stop ! Stop ! Stop ! Le souvenir est vif disions nous... Apparaissent alors Noël Akchoté et Philippe Deschepper : MMXXIV AD ! Apparaissent évidemment Noël Akchoté et Philippe Deschepper. Le souvenir est si vif que par delà le feu, leurs guitares se dessinent comme fines silhouettes capables de cheminer par éclats dans toutes sortes d'ombres. Autant de boiseries indicatrices avec en lettres de relief : Paul Motian, Steve Swallow, Ornette Coleman, Henri Texier (dénominateur commun avec une très belle dédicace, un titre à son nom, le numéro 7 avant une nouvelle "Introduction"), mais aussi de braises ravivées des routes de chacun croisant une offrande du futur multipliée à deux fois six cordes. Le nombre est si connexe, la cohésion si forte. C'est infiniment nitescent. Treize titres d'une aventure à deux aux plus justes proportions pour dépasser les limites où s'attise le raisonnable : la création d'un espace superbement vital. Dans la passion du jazz (mais oui !), s'y libèrent les plus clairvoyants échos sonores (cet album est un journal exceptionnel), jusqu'à gagner le plus personnel des ancrages du souvenir. Si vif !

Post Chronicum : l'album est produit par Eva Vitija et Stéphane Berland et bien sûr publié par Ayler Records dont on nous dit qu'il s'agit de la dernière publication. Espérons avoir mal compris, Ayler Records nous a apporté tant de beauté.