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Noël Akchoté & Philippe Deschepper - MMXXIV AD

Jean-Jacques Birgé, Drame.org/Médiapart

 

C'était il y a 25 ans. Je crois me souvenir que la première fois que j'ai demandé à Philippe Deschepper de se joindre à nous, c'était en 1998 pour l'album Machiavel d'Un Drame Musical Instantané. Mais j'ai l'impression de l'avoir toujours connu.
Comment ne pas adorer ce musicien instinctif dont la sensibilité ressemble à un bijou ciselé ? Comme son autre métier d'art (l'œuvre reproduite sur la pochette est de lui), il sculpte le son avec ses six cordes. Peut-être parce que sa posture ressemblait à celle de Francis Gorgé avec qui j'avais joué de 1970 à 1992, penché sur sa guitare, tout à la musique, peu importe la scène ! On avait enchaîné avec le disque Un petit tour d'Aki Onda dont j'assurais la direction artistique, le film 1+1 une histoire naturelle du sexe dont j'avais composé la musique et la dernière mouture du Drame qui sortira d'ailleurs en octobre 2024 sur le label autrichien KlangGalerie sous le titre TCHAK (avec Bernard Vitet et Nem). Deux ou trois ans, assez pour apprécier l'homme autant que l'artiste. En 2021, lorsque François Corneloup me proposa de l'inviter pour un Pique-nique au labo, j'ai sauté sur l'occasion et bondi de joie, et cela a donné Exotica.
D'apprendre que Stéphane Berland l'enregistrait pour Ayler Records en duo avec un autre guitariste que j'aimais beaucoup, mais avec qui je n'avais pourtant jamais joué excitait ma curiosité, convaincu que la rencontre ferait forcément des étincelles, de celles qui brillent sur les gâteaux d'anniversaire. J'avais découvert Noël Akchoté au début des Recyclers, aussi inventif que ses deux acolytes, Benoît Delbecq et Steve Arguëlles. Je l'avais enregistré pour Sarajevo Suite, un autre album dont j'assurais la direction artistique, tandis qu'il faisait partie du quintet de Henri Texier, ce cher Henri dont ils reprennnent Nebbia sur MMXXIV AD.
C'est le titre du disque de ce duo magique. Ils improvisent aussi sur des morceaux de Paul Motian, Steve Swallow, Ornette Coleman comme sur les leurs. Treize pièces tissées à douze cordes, six pour la trame, six pour la chaîne. Le jeu des deux guitaristes est très différent, mais l'alliage prend merveilleusement, comme lorsque l'on rencontre un nouvel ami et que l'on sait immédiatement que cela va coller...