Toute la force singulière du jazz et son emblématique interplay sont ici convoqués au long de treize conversations qui s’écoulent dans un climat d’intimité sereine. C’est une musique d’eau qui se joue ici, limpide, fluide, sinueuse. Une mer tranquille, ou plutôt une rivière dont le cours s’avère suffisamment imprévisible pour attiser constamment la curiosité. Chaque musicien est venu avec sa propre imagination, sans jamais chercher à dominer un échange dont l’équilibre fascine d’emblée avec le magnétique « Mumbo Jumbo » de Paul Motian. Treize minutes étales qui nous font comprendre que la suite sera tout aussi précieuse. On peut chercher à savoir qui joue quoi, à identifier la sonorité ou le phrasé de chacun des protagonistes, mais quelle importance après tout ? L’essentiel est ailleurs, dans une communion de l’instant, amoureuse et toujours nimbée d’une lumière aux reflets tendres. Et lorsque la musique s’arrête avec « Nebbia » signé Henri Texier, on se demande bien comment un tel dialogue avait pu ne pas avoir lieu plus tôt. MMXXIV AD est assurément un rendez-vous unique que les amoureux du jazz ne doivent pas manquer. Que Noël Akchoté et Philippe Deschepper soient remerciés pour cette offrande.