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Noël Akchoté & Philippe Deschepper - MMXXIV AD

Xavier Prévost, Les Dernières Nouvelles du Jazz

 

Ultime publication du label Ayler Records, avec deux absolus francs-tireurs, enfin réunis au disque alors que leurs chemins se sont indirectement croisés, par les groupes auxquels ils ont participé, les musiques et les artistes pour lesquels ils se sont passionnés. Car reprendre des compositions de Paul Motian, Steve Swallow, Ornette Coleman, Henri Texier… n’est pas un simple exercice d’admiration : plutôt l’affirmation d’une passion commune pour cette musique, vécue au fil des ans, des groupes, des rencontres… Des thèmes qu’ils avaient parfois joués avec leurs compositeurs, ou des compositions personnelles qu’ils avaient enregistrées avec l’un des dédicataires de l’album (par exemple Sad Novi Sad, sur le disque éponyme de Deschepper dont Steve Swallow était le bassiste). Admiration et passion communes aux deux guitaristes pour ces héros du jazz moderne, dont résulte cet album gravé sans répétitions, au plus vif des sujets choisis. Sur Mumbo Jumbo, immortalisé par Motian avec Frisell & Lovano, le duo s’en donne à cœur joie, surfant sur les intervalles distendus et le centre de tonalité fuyant : c’est d’emblée une porte ouverte vers l’ailleurs. Puis c’est Cheshire Hotel, signé Akchoté, qui l’avait enregistré avec Sam Rivers (Thollot, Hymas….), Mary Halvorson, Marc Ribot…. Là encore c’est l’envol vers des libertés neuves…. Les deux compères s’évadent tout en dialoguant. Abacus, de Motian, serait plus littéral…. mais ce n’est qu’une illusion : Liberté grande, comme disait Louis Poirier alias Julien Gracq. Je ne vais pas vous détailler par le menu le répertoire, d’ailleurs pendant le programme, la création continue (ou plutôt elle discontinue avec jubilation), à coups de rebonds, de complicité, d’allusions à peine voilées à d’autres musiciens que ceux convoqués par le répertoire. Dans d’autres cas (She Was Young, de Steve Swallow, illustré naguère par Steve Kuhn, Sheila Jordan & C°) on est plus près du texte originel, mais la liberté ne faiblit pas… Leurs compositions individuelles ou conjointes procèdent du même esprit : inventivité, musicalité et liberté. Et le disque se termine avec Nebbia, composition de Texier qu’ils ont, je crois, l’un et l’autre jouée sur scène en compagnie du contrebassiste. Un régal de bout en bout. Je dirai même plus : intensément jouissif !

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