Stone Quartet - Live at Vision Festival

Stéphane Ollivier, Jazz Magazine

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Rien de moins homogène finalement que ce conglomérat de micro-territoires idiomatiques constituant le petit monde de la musique improvisée. Il suffit pour s'en convaincre de jeter une oreille à la musique de ce Stone Quartet imaginé en 2006 par Joëlle Léandre et réunissant quatre fortes personnalités d'une extrême diversité de styles et d'expressions. Quoi de commun en effet entre la théâtralité tragique de la contrebassiste, les explorations microtonales minutieuses du violoniste Mat Maneri, le néo-romantisme cérébral de la pianiste “braxtonienne” Marilyn Crispell et l'expressivité sensuelle, profondément ancrée dans la tradition afro-américaine, du trompettiste Roy Campbell ? Mettant en œuvre ce qu'on pourrait appeler une esthétique “archipélique”, le quartette répond en acte à cette question en inventant une musique polyglotte et polysémique, en translation/traduction permanente, en quête moins d'un territoire à investir une fois pour toutes que d'un “terrain d'entente” éphémère à inventer à travers la série de voyages que chacun des interlocuteurs se trouve amené à entreprendre et renouveler vers chacun des autres durant l'espace du concert. Il n'est dès lors plus question que d'écoute, de concentration, de projection et de réflexe, de façon que la musique passe à travers ces corps étrangers. Ce soir là, nul doute : elle est passée.