Avec une autre approche toutefois. Trouvant son inspiration dans les contraintes en mobilité que le confinement a imposé, le guitariste est partie du principe que s’il était « impossible de jouer là-bas, autant jouer ici ». Ainsi, durant les quatre saisons qui constituent les quatre parties de ce disque, en plein cœur d’un paysage sauvage (un aber en Bretagne Finistérienne), les musiciens se retrouvèrent pour mettre en place la partition composée.
Par une succession de tableaux où jouent à plein les variations entre des recherches harmoniques abouties et des matrices rythmiques complexes mais entraînantes, le groupe s’anime autour de configuration changeantes. Multipliant les associations que permet un quartet et accompagné de contrepoints délicats qui jouent sur les inflexions des couleurs et les effets de profondeurs, chaque individualité est ainsi valorisée à tour de rôle à l’intérieur d’espace de liberté bordé de contraintes (on notera notamment un Monniot volubile au baryton et un Martinez surprenant au tuba).
La force cependant de cette construction en mouvement est de ne jamais faire sentir les artifices tant les interventions sont toujours pleinement justifiées. Elles servent effectivement un propos général sensible qui voit la musique passer de l’été au printemps dans un déroulé impeccable et une sensibilité mesurée. S’achevant sur une renaissance indolente où pointe pourtant une légère mélancolie, le programme que livre Marc Ducret est, en son entier, au service d’une musicalité fluide et d’une clarté évidente.