Alexandra Grimal - Andromeda

Stéphane Ollivier, Jazz Magazine *CHOC*

Ce qui séduisait peut-être le plus à ce jour dans le parcours d'Alexandra Grimal, c'est la façon qu'elle avait de traverser hors des sentiers battus tous les territoires idiomatiques qui font la richesse et la diversité de la modernité jazzistique. S'appliquant moins à emprunter les codes des genres qu'elle abordait qu'à en éprouver la justesse en un processus d'intégration et de traduction personnelles, la jeune saxophoniste donnait le sentiment de travailler à faire émerger une voix authentiquement singulière. Car Alexandra Grimal, possède désormais entièrement sa voix, affirme avec force les contours d'une poétique qui cristallise toutes ces expériences accumulées. À la tête d'un quartette composé de ce qui se fait de mieux dans le jazz “progressiste” new-yorkais, la jeune saxophoniste s'incarne comme jamais dans une musique qui lui ressemble totalement. Dans une cohérence fondée essentiellement sur l'idée de formes longues se développant dans l'alimentation de courants et de flux souterrains très structurants, le quartette, d'une grande cohésion organique, alterne morceaux acoustiques funambulesques mettant particulièrement en valeur la guitare elliptique et gestuelle de Todd Neufeld (l'autre grande révélation du disque) et séquences aux contours plus affirmés. Ceux-ci laissent sourdre à travers une polyrythmie savante des énergies collectives d'où émergent immanquablement la grâce onirique et le lyrisme tout en contrôle du saxophone. Il y a dans cette musique virtuose jouant constamment sur la dialectique entre maîtrise et lâcher prise quelque chose de profondément naturel dans l'expression et de constamment audacieux dans la forme. Alexandra Grimal s'affirme indiscutablement comme l'une des personnalités les plus fortes de la jeune scène hexagonale.