Akchoté/Foussat/Turner - Acid Rain

Stéphane Ollivier, Jazz Magazine

Si cette vaste pièce de 45 minutes totalement improvisée peut être (doit être !) effectivement créditée aux trois musiciens qui durant cette parenthèse spatio-temporelle donnèrent « corps et formes » sonores à leur coprésence au monde, il n’en est pas moins vrai que c’est Jean-Marc Foussat qui, à sa manière, tient ici le rôle de « metteur en onde ».  Passant au filtre de ses machines, claviers et dispositifs électro-acoustiques la matière sonore collective faite du conglomérat bruitiste de la guitare abrupte et élégamment elliptique d’Akchoté, des friselis, crissements, froissements du petit théâtre gestuel de la batterie de Turner et de ses propres interventions soniques, Foussat organise in situ et oriente de l’intérieur les champs de force de cette musique en métamorphose perpétuelle avec un grand sens de la dramaturgie. Cette longue dérive contrôlée, vibrante, à la fois cérébrale et épidermique, alterne des montées en puissance apocalyptiques d’une grande complexité de textures avec des séquences plus méditatives mais comme hantées constamment d’une tension sourde. Une œuvre forte par trois musiciens totalement maîtres de leurs discours.