All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Et si 2009 était l’année Dennis Gonzalez ? D’abord par la quantité : déjà cinq albums parus. Ensuite parce que chaque nouveau disque de ce trompettiste texan est une petite merveille que de trop rares amateurs se partagent avec une certaine fierté et un plaisir non feint.
Celle-ci présente Gonzalez avec son trio Yells at Eels, qu’il a constitué avec ses deux fils : Aaron à la contrebasse et Stefan à la batterie, plus un invité en la personne du saxophoniste portugais Rodrigo Amado. Cette rencontre n’est pas la première, les quatre musiciens ayant déjà eu l’occasion de tourner ou enregistrer ensemble. La musique prend sa source dans le quartet d’Ornette Coleman et passe par des groupes tels « Old And New Dreams » et « Other Dimensions In Music » : importance de la mélodie, grande liberté laissée aux musiciens et lyrisme sont les composantes fondamentales de ce groupe.
Dès les premières minutes on est propulsé par la paire rythmique, qui fait preuve d’une grande maturité et d’une belle capacité d’interaction tout au long du concert. On pense à une des paires de référence actuelles en matière de contrebasse/batterie : William Parker et Hamid Drake, pour la relation quasi fusionnelle, voire télépathique. Grâce à cette fructueuse collaboration symbiotique, Amado et Gonzalez père peuvent se lancer dans des improvisations au long cours. Le saxophoniste leur procure une source inépuisable d’énergie par ses longues phrases, fougueuses héritières de l’histoire du free, et une sonorité malléable qui colle à son propos. Il semble capable, par instants, de tout emporter sur son passage. A ses côtés, la trompette tranche par sa rondeur, son lyrisme serein. Gonzalez travaille ses improvisations à partir de mélodies qui évoluent au cours d’itérations multiples que sa maîtrise du souffle, sa liberté rythmique et son inventivité mélodiques rendent constamment impressionnantes ; hors du temps et des modes, c’est le frère spirituel d’un Wadada Leo Smith.
Ce concert polonais mérite bien son titre de « Great Concert ». La musique, qui puise son inspiration dans l’histoire du jazz mais lorgne aussi vers les rythmes rock via les jeunes frères Gonzalez, est de celles qu’on savoure tant pour sa spontanéité que sa richesse et son originalité.
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