All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Véritable fresque sonore, ce Miroir des Ondes est une plongée dans dix-sept années de la deuxième moitié du XXe siècle, de 1972 à 1989, cette période qui, de la fin des trente glorieuses et du premier choc pétrolier (qui n’est pas évoqué ici) à la chute du mur de Berlin, constitue une transition vers un nouvel ordre mondial.
Désireux de rendre compte de ces événements vécus dans le quotidien et qui ont imprimé sa mémoire, Michel Blanc rassemble une vingtaine de témoignages sonores parfois anecdotiques (les vœux de Pompidou), historiques (le mur de Berlin, les Jeux Olympiques de 1972) et pour la plupart politiquement forts (lois contre la peine de mort de Robert Badinter, loi pour l’avortement de Simone Veil, conflits et mouvements sociaux) tirés d’extraits radiophoniques ou télévisuels issus du site de l’I.N.A.
Pour retranscrire le flux d’une conscience tant sensorielle qu’intellectuelle, il accompagne ce récit (à la finalité nullement pédagogique mais plutôt évocatoire) de la musique ayant cours durant cette période : rock, musique improvisée et dérivés du jazz (comme il est indiqué sur la pochette), qui sonne éminemment actuelle à nos oreilles du fait d’une réactualisation et d’une écriture soignée.
Il s’entoure pour cela de quatre musiciennes et musiciens qui se mettent entièrement au service du projet en le servant avec beaucoup d’intensité et sans se mettre en avant. Les riffs redoutables de la guitare de Marc Ducret ou les étrangetés de l’orgue d’Antonin Rayon associées aux sonorités sèches et tendues du piano d’Anne Gimenez, la voix d’Annabelle Playe, parfois franchement oppressante, qui rappelle certaines bandes-son des films de science fiction des années 60, tous participent à la mise en scène de situations proprement cinématographiques sans pour autant vider de leur sens les épisodes évoqués. Avec beaucoup de nuance d’ailleurs, lorsque les mots sont plus forts que les sons, ces derniers soulignent simplement le propos avec discrétion pour resurgir ensuite avec un sens maîtrisé de la dramaturgie et un authentique sens de l’à-propos dans le geste. Michel Blanc est un véritable coloriste.
Expectative, amertume, emportement, incompréhension, colère, émoi sont les sentiments qui traversent, tour à tour, l’auditeur pareil au pauvre humain regardant passer l’Histoire dans laquelle il se trouve, bien malgré lui, inexorablement emporté .
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