All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Alors que ses précédents disques laissaient la part belle aux formations réduites avec lesquelles il interprétait la prose de Nabokov et de son roman Ada ou l'Ardeur, c'est seul face à son instrument que Marc Ducret se présente aujourd'hui pour continuer l'aventure. Et il faut une maîtrise hors-norme de la guitare, de la composition et de la musique en général pour s'adonner à ce genre d'exercice, épopée en solitaire contre les vents dominants.
En choisissant la guitare acoustique, Ducret se prive des effets, des boucles et de la réverbération à outrance qui auraient pu multiplier les notes, au risque de diluer sa musique. Au contraire, il insiste sur son instrument, se recroqueville sur lui et joue de ses ressources naturelles. L'auditeur, tout proche, le ressent, perçoit les frettes, les glissements, presque son souffle. Souvent au ras du chevalet, ponticello comme diraient les puristes, son jeu évolue et la guitare se fait percussion, évoque la sanza de Francis Bebey ou le berimbau de Nana Vasconcelos, couine des airs asiatiques (« From a Distant Land », « … A Distant Land »). Absolument autonome, le guitariste dissèque « Real Thing N°1 » et « Real Thing N°2 » issus de Tower N°1 pour mettre leurs tripes à nu. Le résultat époustouflant tient autant du jazz libéré que du blues le plus rassis, à en évoquer James Blood Ulmer.
Et c'est bien aux côtés d'artistes aussi accomplis que Marc Ducret confirme qu'il mérite pleinement sa place. Au sommet de son art, il rejoint en trente-huit minutes intransigeantes Fred Frith ou Derek Bailey au panthéon de la guitare libre et sans filet. Bravo l'artiste et à bientôt.
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