Vernacular Avant-Garde est un disque envoûtant. Une sorte de féerie portée par un quartet au sommet, dont la complémentarité est incroyable.
Avec à ses côtés Marc Ducret, Kasper Tranberg et Simon Toldam, le batteur danois Peter Bruun est en terrain connu.Tout comme le trompettiste, il a récemment participé aux superbes Tower (volume 1) et Tower-Bridge du guitariste. Ducret avec lequel il joue également au sein du quartet et du trio de Samuel Blaser, dont le premier disque (Taktlos Zürich 2017) vient de paraître chez Hat Hut. Quant à Toldam, comme Tranberg, il est un animateur de la scène danoise et une vieille connaissance de Bruun.
Ces quatre-là nous proposent un voyage concis - moins de quarante minutes - mais dense. Il y a des moments de calme, apaisés, en forme d’invitation au voyage en des territoires inconnus (la seconde partie de « Follow Me ») ou de fable féerique, bouleversante (« All Too Human »), avec ce soupçon de mystère et de magie qui en fait tout le charme. Tranberg y est presque davisien ; les claviers analogiques apportent à la musique un côté terrien et décalé. D’autres passages sont plus puissants, complexes, pleins, portés par le toujours formidable Ducret et la subtilité du leader qui associe à sa batterie un clavier pour jouer la ligne de basse. La musique se tend, les lignes se complexifient, l’auditeur est emporté par le flux et l’énergie déployée.
Ces variations tout en fluidité traversent l’ensemble du disque mais se retrouvent également au sein des morceaux eux-mêmes. La réussite de l’album tient dans ces alternances et dans le dialogue continu entre complexité et simplicité, connu et inouï, ancien et contemporain, parfaitement résumés par le titre de l’album, Vernacular Avant-Garde.
Peter Bruun nous offre une synthèse musicale jubilatoire tant elle semble naturelle et accessible, faisant de ce disque une pépite à découvrir de toute urgence.