All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Retour sur le devant de la scène pour la formation Killing Spree trois ans après leur premier disque. Toujours emmené par le saxophoniste, Matthieu Metzger, le trio mêle avec le même enthousiasme les codes du jazz contemporain à ceux du metal le plus radical. Le répertoire reste identique mais la captation d’une tournée ensauvagée au Japon éclaire différemment les titres interprétés. Avec un charme supplémentaire, Boko Boko Tour est plus chaotique dans son déroulé et donne à entendre un son collectif épais et délicieusement lourd. A la frénésie de la jeunesse succède une maturité plus âpre.
Sylvain Daniel reste la colonne vertébrale scoliotique de cette formation. Les lignes de basses saturées et pesantes envahissent l’espace sonore qu’elles agitent avec une noirceur jouissive ou se font rampantes dans des profondeurs qu’elle habitent dans une atmosphère étouffante. Grégoire Galichet, de son côté, complètement libéré dans son jeu, ouvre large le spectre de ses propositions en faisant entrer dans l’improvisation le catalogue complet d’un rock violent à la batterie : épilepsie, nervosité, breaks et désorientation sont les moyens ainsi convoqués avec une rapidité d’exécution qui étourdit l’oreille. En s’appuyant sur l’instabilité d’un zapping aux tableaux disparates, la version étirée de “The Brain Sucking Exercise” est en cela emblématique.
Choisissant les climats obscurs dès que le tempo ralentit, le saxophoniste, après avoir lacéré l’espace sonore d’arabesques criardes, s’égosille avec soin dans un haut-parleur. Cette tournée aux ambiances gothiques a dû être plaisante, on l’imagine, pour nos amis nippons qui ne sont pas en mal de formations atypiques, à commencer par le duo Ruins que Killing Spree évoque inévitablement.
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