Exuberance - Live at Vision Festival

Sabine Moig, Jazzosphère

Les événements dédiés à la création indépendante, libre et exempte des modes du moment ne fleurissent que rarement. Certains perpétuent leur engagement et déploient toute leur énergie pour proposer au fil des ans des moments forts où la musique, la danse, la poésie et toutes les formes artistiques trouvent une place de choix. Le Vision Jazz Festival de New York en fait partie. Porteur de cet enthousiasme, pétri par la volonté de pousser toujours plus avant la création et de faire partager au public une autre façon d'envisager l'art, le festival new-yorkais est un lieu propice aux expérimentations les plus incroyables et fougueuses.
Tel fut le cas pour le concert proposé par le quartet de Louie Belogenis, Roy Campbell, Hilliard Greene et Michael Moore en mai 2003. " Le Vision Festival dégage une énergie spéciale ", reconnaît le saxophoniste Louie Belogenis. Une énergie au cœur du projet musical défendu par les quatres complices et sublimée par l'atmosphère du festival. Car si la programmation suscite sans nul doute l'enthousiasme indéfectible du public, elle stimule tout autant les musiciens qui se succèdent tout au long de la journée. Difficile en effet pour une formation de jouer dans la demi-mesure quand le duo Milford Graves et Peter Brötzmann vient de subjuguer le public et d'enflammer la salle.
Transcendé par tous ces éléments, le quartet a concocté une partition libre, inventive et exubérante. Une introduction par le batteur Michael Wimberly faite de vocalises incantatoires interrogeant des terres lointaines sera au cœur du jeu déployé par le quartet tout au long de ce concert. Les titres des pièces qualifieront sans peine les thèmes traduits musicalement par la formation : Invocation, Procession, Evocation et Incandescence. Autant d'univers explorés entre sonorités graves, échanges exacerbés, phrasés soutenus ou notes plus légères ; autant d'instants précieux qui nous font croire en des ailleurs sonores encore possibles…