Chevallier/Ceccaldi - Zèbres

Guy Darol, Jazz Magazine * * * *

Prenez un zèbre. Prenez en deux, mélangez les rayures. Avec cet incipit emprunté à la fois à Raymond Queneau et à Tristan Tzara, on obtient un attelage fait d’ombre et de lumière. Et de curieux effets stroboscopiques éberluant les oreilles. Ici tout ondule entre jazz et notes échappées d’une cage à barreaux. C’est une musique venue de la nuit d’Antonin Artaud et des libres improvisations de Joëlle Léandre, aussi de Bach, également de Messiaen. Avec beaucoup de poésie à l’intersection des cordes, David Chevallier et Valentin Ceccaldi naviguent entre éclatement des formes et création d’hymnes. Ils ont naguère rendu hommage à Cesare Pavese et André Robillard, l’artiste brut qui fabrique des fusils avec des pièces au rebut « pour tuer la misère ». Ayant à cœur d’occire les clichés sonores, ils sont capables de laisser galoper leur imagination sacrilège et de filer des ariettes à tomber par terre. Leurs sept titres, issus de combinaisons anagrammatiques autour du noir et du blanc, sont une ode à la douceur et au rugueux. Ce qui semble à première vue contradictoire mais ressemble néanmoins à la vie.