All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Un grand mélange de jazz, de musique contemporaine, de comédie, de réductionnisme, et avant tout, d'improvisation libre. Jean-Luc Cappozzo (trompette, cors, objets) et Géraldine Keller (voix, flûte, objets) proposent sur air prints sept enregistrements, sept esquisses, sept possibilités de ce dont leur duo est capable - duo existant depuis une dizaine d'années maintenant.
En France, Cappozzo fait régulièrement la tournée des scènes dites "jazz et musique improvisée", c'en est presque une institution, au même titre que Doneda ou Léandre. Une musicien d'une grande renommée qui a déjà collaboré avec Paul Lovens, Joëlle Léandre, Lionel Garcin, Edward Perraud, le Globe Unity Orchestra ou encore Axel Dörner. Je n'ai jamais entendu ce dernier duo d'ailleurs, mais l'influence du trompettiste allemand se fait nettement ressentir à plusieurs moments de cet enregistrement, axés sur le timbre (enregistrement que l'on doit, soit dit en passant, à Benjamin Duboc). Mais c'est aussi la pratique théâtrale de Cappozzo que l'on peut ressentir durant ce disque, à travers certaines réponses et interventions non-dénuées d'humour, voire d'une certaine théâtralité (la gestualité du tuyau secoué par exemple). Mais passons sur Cappozzo, et venons-en plutôt à ce duo.
Pour commencer, j'ai du mal à accrocher aux vocalistes de manière générale, encore plus les vocalistes françaises de la musique improvisée qui semblent toutes se ressembler. Ensuite, l'improvisation libre, dans son versant spontané et réactif - j'ai envie de dire "classique" ou "orthodoxe" -, commence à m'ennuyer. Deux points qui au premier abord, m'éloignent de ce duo... Et pourtant. Il y a tout d'abord je crois cette théâtralité des deux musiciens qui font de leur musique de l'improvisation libre non-idiomatique autre. Théâtralité que l'on retrouve comme je le disais dans l'humour et la gestuelle de Cappozzo, mais aussi dans les récitations de Keller, qui sont autant axées sur l'affect que sur la musicalité. Ensuite, il y a cette inventivité et cette diversité. Que ce soit à la trompette, au bugle, à la voix, à la flûte, au mélodica, aux percussions, Cappozzo & Keller ne sont jamais à cours d'inventivité et se risquent chacun à explorer des territoires multiples: territoires qui swinguent, qui parlent, territoires bruyants, abstraits, contemplatifs, mélodiques, énergiques, atonaux, calmes, suaves, doux, rauques, crades. Toutes sortes d'univers surgissent à tout moment de manière improbable et créative. Dans le dialogue même, Cappozzo et Keller peuvent se suivre à la lettre et se répondre de manière très proche, ou faire exprès de jouer des jeux opposés qui se confrontent. De toutes façons, la profondeur de l'écoute, la proximité et l'intimité entre les deux musiciens est toujours de mise.
En bref, un énième disque d'improvisation libre non-idiomatique, servi par un ponte du milieu et une vocaliste et flûtiste déjà moins connue, mais un très bon enregistrement. Un enregistrement créatif, énergique, aventureux, et talentueux. Deux musiciens qui à travers une forme déjà éprouvée parviennent à renouveler le contenu. De quoi se réconcilier avec cette musique et réjouir tous les amateurs de musiques improvisées.
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