All sorts of jazz, free jazz and improv. Never for money, always for love.
Confessons-le d’emblée sans honte : les trois musiciens responsables de l’épatant Correction (un titre devenu à présent aussi leur nom d’emprunt collectif) étaient jusqu’à présent de parfaits inconnus à nos oreilles. Et c’est justement la jubilation de la découverte qui nous a incités à écouter cette jeune formation suédoise. Un trio basique piano/contrebasse/batterie qui se dit très inspiré par la free music du contrebassiste et compositeur Barry Guy (et cela, manifestement, s’entend), mais aussi par le cinéma surréaliste du réalisateur David Lynch, à qui le deuxième et court morceau “D.L.” est directement dédié. Condensées, ce qui peut paraître étonnant pour une formation aussi débordante de vitalité, les plages du disque ne dépassent d’ailleurs pas les cinq minutes au compteur. Une qualité, assurément, quand d’autres s’épanchent inutilement dans un verbiage inconsistant. En une succession d’ambiances sombres et oniriques, entrecoupées de déferlantes bop ou free, sèches et nerveuses (dont “Crime”, presque rock lors des dernières minutes, un morceau que n’aurait pas renié E.S.T.), Correction assoit sans forcer une désinvolte aptitude à transcender les époques pour ne retenir que l’essentiel : le bouillonnement sonore et créatif de ceux qui ne s’encombrent d’aucune prérogative autre que la satisfaction de leur propre plaisir. Au centre de l’album, une suite de trois soli - successivement à la contrebasse, à la batterie et au piano -, séquencés en autant de morceaux, surprend en raison du hiatus un peu en dedans qu’ils opèrent. Menue réserve, car à l’image du crescendo de “Watching, Breathing", ce vert trio séduit surtout par sa propension à jouer comme un seul homme, à ménager des montées de sève et entrecroiser ses influences sans fioritures. Pas de doute, le meilleur reste à venir.
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