Dennis González Yells At Eels - Resurrection and Life

Noël Tachet, ImproJazz

Après Louis Moholo Moholo le trio familial des Gonzalez rencontre à nouveau un batteur, Alvin Fielder, vétéran de l’AACM, et s’adjoint les services discrets du jeune tromboniste Gaika James. C’est tout d’abord un très gros son, la basse monstrueuse d’Aaron, les trompettes impérieuses du père, les trainées percutantes de Stefan au vibraphone, et la batterie. Sur une musique totalement infusée par les résonances de la contrebasse, la batterie d’Alvin Fielder et le trombone de James semblent comme en surimpression tant l’unité du trio est forte. C’est la basse qui fait le lien entre les deux sections vibraphone/trompettes et batterie/trombone.

Everywhere to go but up  est un très beau trio dr/vib/cb qui offre davantage d’espace à Fielder et montre un Stefan Gonzalez expert à conjuguer percussions et nappes vibrées ; en solo, Aaron baisse d’un ton et arpente un territoire inspiré de celui de son frère sur les relances sèches de Fielder qui s’exprime en solo dans une fine et énergique chorégraphie de tambours.  Sur Resurrection and life, d’Alvin Fielder, les autres musiciens se laissent diriger comme à mi-voix par le batteur qui trouve là mieux à se faire entendre, on retrouve ensuite un thème de Stefan Gonzalez au vibraphone avec le soutien d’Aaron Gonzalez et Alvin Fielder. C’est dans ces formations réduites qu’il me semble que la musique est la meilleure, le quintet au complet débordant d’une puissance qui laisse un peu de côté les deux musiciens extra-familiaux.  Il faut tout de même avouer que les explosions de son (il ne s’agit pas de volume) du trio ont une qualité extrêmement prenante… Battalion of saints enfile les solos d’une manière très satisfaisante, avec et sans la batterie ; le duo Dennis/Aaron qui précède le solo d’Alvin Fielder est une grande réussite, avant la fanfare finale où la trompette attire l’oreille comme un aimant. Second thème d’Alvin Fielder, Max-Well, est introduit par le batteur et son art de la dérobade concertée fait merveille sous le vibraphone qui suit.

Après trois disques de rencontres, avec Rodrigo Amado (AYLCD-095), Louis Moholo-Moholo (AYLCD-117), et maintenant Alvin Fielder, on finit par se demander si les Gonzalez ne se sentent pas encore plus unis lorsque présence d’un autre vient renforcer par contraste leur fusion. On attend maintenant un album en trio, merci en tous cas à Stephane Berland de nous rendre témoins de la constitution de cette histoire.