François Cotinaud - Klangfarben Ensemble

Michel Bedin, On-Mag.fr

Sur le DVD, le chef d’orchestre-compositeur François Cotinaud explique, exemples à l’appui, ce qu’est ce qu’il appelle le soundpainting. Une direction d’orchestre et de danses organisée autour de gestes précis du soundpainter (lui-même) qui, sans baguette, mais avec les mains, donne ses ordres aux instrumentistes, voire aux danseurs, qui tantôt improvisent ou tantôt suivent une partition préalablement écrite.

Le film de Patrick Morel est fort didactique et doit être vu, à mon avis, avant d’écouter le CD. L’orchestre-groupe théâtral de François Cotinaud, le Klangfarben, est formé de deux femmes, la comédienne Françoise Purnode et Valentine Quinquin,  qui disent le texte, de deux autres qui dansent (Marie-Laure Caradec et Julie Salgues), et de huit musiciens (Deborah Walker au violoncelle, Yves Robert au trombone, Andrew Crocker à la trompette, Luis Vina au sax ténor et à la clarinette-basse, Emmanuelle Somer au hautbois, au cor anglais et également à la clarinette-basse, Florent Thiant à l’accordéon, François Choiselat au vibraphone et Philippe Cornus aux percussions) qui jouent ou improvisent. Seule solution pour improviser à huit, il faut qu’il y ait un chef qui dirige, coordonne, et organise. C’est le rôle dévolu à François Cotinaud.

Sur le CD, ils nous offrent tout d’abord le spectacle-concert du Monologue de Schoenberg. C’est Françoise Purnode qui joue Arnold Schoenberg, dans un texte, bien écrit, qui parle de sa vie, de ses idées musicales, et de ses opinions sur son successeur John Cage, etc. Cette vie de Schoenberg est ponctuée par un orchestre qui dodécaphonise entre Schoenberg et John Cage. Une vie  (1874-1951) marquée par deux guerres mondiales, la Shoah, un exil, et des avis sur John Cage (1912-1992) dont la musique est tant fracturée par le silence.

Puis suivent cinq variations sur une collection de timbres. Titre énigmatique qui mériterait sans doute plus ample explication. Mais pourquoi pas ? Là, c’est davantage écrit, et beaucoup plus marqué par le jazz. François Cotinaud, qui, soit dit en passant, ressemble assez physiquement à Arnold Schoenberg, lui rend un bel hommage, avec ces créations, tout comme à John Cage. Rappelons que Schoenberg non seulement fut un compositeur de musique très important (c’est l’inventeur de la musique sérielle à laquelle nous sommes tant habitués aujourd’hui), mais également un peintre, et ce soundpainting de François Cotinaud est sans doute ce dont Arnold Schoenberg avait rêvé, mêler plusieurs arts, comme il le fit dans sa vie.

Cela dit, prévenons quand même les audiophiles. Ce n’est pas de la musique facile, c’est le moins qu’on puisse dire. Certains vont même protester et gueuler au charron. Qu’on les rassure : Arnold Schoenberg en a l’habitude. John Cage aussi, et François Cotinaud n’attend pas de disque d’or. Mais vous, les curieux, écoutez !

Notation: 4/5